Sexe - La fin des idées reçues

Marie-Eve Wilson-Jamin, le vendredi 7 mars 2008 à 04:00
En quarante ans, les habitudes sexuelles des Français ont évolué. C'est ce qui ressort de la grande Enquête sur la sexualité en France. Multiplication des partenaires, acceptation de l'homosexualité, émancipation des séniors, les tabous sautent.
Les femmes sont monogames ?

Non, elles multiplient les conquêtes avant de trouver l’âme sœur et commence leur vie sexuel à 17 ans... comme les garçons.

« La part de celles qui déclarent n’avoir eu qu’un seul partenaire au cours de leur vie a considérablement diminué : 68 % en 1970, 43 % en 1992 et 34 % en 2006 (contre 18 %, 21 % et 16 % pour les hommes). »

Il y a cinquante ans, deux tiers d’entre elles convolaient avec le premier partenaire sexuel. Aujourd’hui, elles sont seulement une sur dix, comme les hommes. Et elles commencent plus tôt. « Alors qu’à la fin des années 1950, les femmes s’initiaient deux ans plus tard que leurs homologues masculins (20,6 ans contre 18,8 ans), l’écart enregistré entre les deux sexes n’est plus aujourd’hui que de quelques mois (17,6 contre 17,2). »

Cependant, des différences demeurent quant à leur première fois. « Elles s’initient toujours plus fréquemment que les hommes avec un partenaire qui a déjà eu des rapports sexuels et qui est plus âgé d’au moins cinq ans. » Les femmes restent fleur bleue, malgré leur nouvelle image de prédatrices : « Les jeunes femmes sont toujours éduquées à considérer majoritairement l’entrée dans la sexualité comme une expérience sentimentale-relationnelle. »


Les hommes, éternels coureurs ?

C’est de moins en moins vrai chez les jeunes. Avant 30 ans, ils ont moins de partenaires qu’avant.
Si chez les femmes de 30 à 49 ans, le nombre de partenaires rencontrés au cours de la vie ne cesse d’augmenter (1,9 en moyenne en 1970, 4 en 1992, 5,1 aujourd’hui), chez les hommes de la même tranche d’âge, les chiffres restent stables : 12,8 en 1970, 12,6 en 1992 et 12,9 en 2006. En outre, le « rythme d’acquisition des partenaires avant 30 ans s’est ralenti chez les hommes dans les générations les plus récentes ». Cela s’explique par le fait que les hommes nés entre 1956 et 1970 ont eu la chance de débuter leur vie amoureuse dans une période euphorique, entre l’arrivée de la contraception et l’apparition du sida. Ce sont eux qui ont profité de la « liberté sexuelle » et donc multiplié les aventures. Et, entre 18 et 35 ans, la proportion d’abstinents chez les hommes est deux fois plus élevée que chez les femmes (6,2 % contre 3,5 %).


L’homosexualité féminine reste tabou ?

Non. Les femmes disent plus facilement leur attirance pour le même sexe.
En effet, elles sont plus nombreuses que les hommes à dire leur attirance pour le même sexe (6,2 % contre 3,9 %). De plus, 4 % des femmes qui ont eu des rapports sexuels déclarent en avoir eu avec des femmes (contre 2,6 % en 1992). Chez les hommes, les statistiques n’ont pas évolué : ils sont 4,1 % à revendiquer une expérience homosexuelle, le même chiffre qu’en 1992. Et plus le niveau d’études est élevé, plus la proportion de personnes interrogées rapportant une pratique homosexuelle augmente.


Plus l’âge augmente, moins il y a de plaisir ?
Non. A 50 ans, une nouvelle jeunesse commence.
En 1970, seules 50 % des femmes en couple avaient encore une activité sexuelle
Aujourd’hui, elles sont 90 % et la fréquence des rapports a également augmenté. Les explications ne manquent pas : en meilleure forme physique que leurs aïeux, financièrement plus à l’aise, les sexagénaires sont décomplexés par quarante ans de discours sur la libération sexuelle. De plus, ils trouvent de nouvelles façons d’aborder leur future conquête avec Internet et sont de plus en plus courtisés par les clubs de vacances. C’est une nouvelle fois chez les femmes que la révolution a eu lieu. Elles sont désormais nombreuses à assouvir leur désir sans se soucier du qu’en-dira-t-on.
 

Edition France Soir du vendredi 7 mars 2008 n°19740 page 10

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