Il s'agit, pour le magazine allemand Spiegel, du "nouveau format de la télévision" et, à ce titre, d'une "petite révolution" : depuis mai, le site Internet de socialisation MySpace Allemagne diffuse, à raison de deux épisodes par semaine, la série "They call us candy girls", l'histoire de quatre jeunes Berlinoises délurées travaillant au "Club 103", une boîte de nuit, bien réelle, de la capitale allemande.
Venu des Etats-Unis - pour désigner ces formats de 4 à 5 minutes maximum, on y utilise le terme de "webisode" -, ce type de production reste confidentiel en Europe mais il pourrait s'y développer rapidement. Début juin, le site communautaire, propriété de Ruppert Murdoch, avait proposé en Europe "Beyond the rave", une webfiction fantastique produite par le studio britannique Hammer Film.
Le directeur de MySpace en Allemagne, Joel Berger, annonce son intention de "diffuser désormais trois à quatre de ces mini-séries" par an sur le site qu'il dirige. Car cela ne fait pour lui aucun doute : elles sont "l'avenir de la télévision".
Si le manager refuse de fournir des chiffres - sur l'intérêt financier pour MySpace de proposer ce programme, sur l'apport de la marque Levi's en tant que sponsor, comme sur le partage des gains entre le portail Internet et la société berlinoise MME, qui produit la série -, il assure en revanche que sa diffusion a attiré un nouveau public. Myspace a ainsi enregistré une hausse de 10 % à 15 % des inscriptions dans les semaines qui ont suivi cette diffusion et elle a par ailleurs "stimulé la participation des utilisateurs habituels".
MySpace ne se contente pas en effet de diffuser ses nouveaux "webisodes" chaque lundi et jeudi. Le site de socialisation propose également aux internautes qui suivent "They call us candy girls" d'entrer en contact avec les quatre héroïnes, Clémentine, Lola, Soffy et Kira. Car les actrices ont chacune créé leur profil sur le site, et peuvent ainsi dialoguer avec leurs fans, à moins que, sous forme de courtes vidéos, elles ne leur racontent leur vie entre les séances de tournage.
Si 1,3 million de personnes ont visionné tout ou partie de "They call us candy girls" à ce jour, il s'agit essentiellement de jeunes femmes, "plus jeunes que la moyenne des utilisateurs de notre portail, qui se situe aux alentours de 25 ans", estime le patron de MySpace Allemagne. Attirées par la nouveauté même du format, ces internautes l'ont également été par son esthétique : plans serrés, vues plongeantes, montage accéléré, protagonistes s'adressant directement à la caméra.
Il semble que la réalisatrice, Miriam Dehne - elle envisage une seconde saison pour la série et travaille déjà sur d'autres projets du même type pour Internet -, ait voulu inventer une nouvelle grammaire visuelle. Quant au scénario elle avoue l'avoir écrit comme si elle "s'adressait à quelqu'un souffrant d'un déficit d'attention"...
Mais la vraie "révolution" de "They call us candy girls" tient peut-être à ses dialogues et situations, inédits pour ce genre de production. "Proche parfois du "porno soft"", la série n'hésite pas à mettre en scène ses héroïnes dans les situations les plus crues, celles qui, d'après sa réalisatrice, "font la réalité des nuits berlinoises", et rendent, en comparaison, la série culte américaine "Sex and the City" terriblement "réactionnaire".